Qui est Morice Awwad?

Date de naissance: 20 février 1934

Ma langue, c’est la langue libanaise, qui est la langue de ma mère.

Ma mère m’a appris à parler libanais.
Je pense et j’écris en libanais.
C’est aussi le battement de mon cœur, le timbre de mon corps,
Même mon goût, ma salive, mes soupirs…
Tout, en moi, n’est que Libanais.

Je suis poète le jour et la nuit, du matin jusqu’au lendemain matin, 24 heures sur Morice
J’écris la poésie comme je respire et transpire.
Le poème émane en moi et de moi comme s’exhale le parfum de la rose.
Je vis pour écrire et j’écris pour rester en vie.
Comme j’aimerais posséder une maison bâtie en vers…
Moi, mon destin est d’être poète. (Un poète) par nature, par cœur, comme si j’étais un bois ou une parcelle de terre encore en friche.

Je commence à écrire dès que je me lève !
Le matin de bonne heure, dans ma chambre fermée.
(Seul) moi et Mozart, et la poésie vagabonde en moi.
La musique m’entraîne, le poème me possède complètement.
L’imagination donne des ailes à mon cœur.
Mes doigts versent l’encre sur la feuille encore vierge (par sa blancheur).
C’est comme s’ils frottaient le corps d’une femme.
En écrivant de la poésie, il me semble que j’enlace une femme.
L’orgasme de mon cœur, l’ivresse de l’extase se transformant en poésie, transformation qui a quelque chose de miraculeux.
Voici l’arbre de la poésie qui s’élève et s’élève.
Ses branches touchent le septième ciel…

Moi, à l’âge de l’adolescence, parfois je rêvais et parfois je vagabondais,
Je fuguais à droite à gauche, je m’échappais dans des évasions inoubliables.
Pour que mon imagination (et ma douleur) pour la poésie s’épanouissent.
On disait de moi que j’étais un gosse irrécupérable, un vaurien !

Mes premières lectures m’ont énormément marqué.
Au début j’ai été influencé par Michel Trad dans son recueil «Guelnar»

Et ceux qui (en dehors du Liban) m’ont influencé sont :

  1. Les Jésuites
  2. Sophocle
  3. Victor Hugo
  4. Charles Péguy
  5. Paul Claudel

Je lis surtout du français, ce qui m’a permis de me libérer du [de l’arabe] littéral, cette langue morte, la langue du désert, qui ne produit plus de chefs-d’œuvre.
Comme je suis catholique, j’ai été influencé par la civilisation latine.
Comme je suis Libanais, la Méditerranée m’a construit un pont culturel et intellectuel avec l’Europe.

Février 2009
Kfargharbe

L’écriture en Libanais

«Malheur à moi, Malheur si je ne libanise» était la devise de Morice Awwad.

Depuis ses débuts jusqu’à son dernier souffle, Morice n’a écrit qu’en Libanais, qu’il considérait une langue comme les autres et non un dialecte.

Son engagement envers la langue libanaise l’a incité à développer l’utilisation des lettres et sa propre méthode d’écriture. Cette méthode se base sur l’usage et With l’écriture des lettres prononcées seulement. Awwad remplace la lettre “Qaf-ق ”, qui n’est pas prononcée en Libanais, par la “Hamza – ء”, et abandonne la lettre “Hé – ه” à la fin du mot si elle n’est pas prononcée, comme dans le mot Allah, qu’il écrit Alla.

La traduction de l’Évangile en Libanais

Awwad a traduit et publié progressivement des parties du Nouveau Testament. L’Évangile selon saint Matthieu (1998), les Quatre Évangiles (2001, 2003, 2006), l’Apocalypse de saint Jean (1999), la Lettre de saint Paul aux Romains (2009) et Les Lettres de saint Paul (2013).

Nomination au Prix Nobel

En 2015, la candidature de Morice Awwad, la première pour un Libanais, est acceptée par le comité Nobel, sur proposition de trois universités : de Pologne par l’orientaliste Arkaduisz Plonka (de l’Université Jegellonne), de Malte par le Professeur Martin Zammit (de l’Université de Malte) et du Liban sous l’impulsion du docteur Rabiha Abi Fadel (de l’Université Libanaise).

« Un Liban uniquement Libanais, dont la capitale est Beyrouth » pour souligner le besoin d’une indépendance complète et d’une politique au service des intérêts libanais.

Il s’est opposé aux quatre occupations étrangères du Liban (selon sa propre classification): palestinienne, israélienne, syrienne et iranienne.

Awwad est reconnu comme l’un des symboles de la résistance contre l’occupation syrienne du Liban. Ses livres, programmes diffusés à la radio Voix du Liban (1976 – 1978) et articles publiés dans le mensuel al-Massira (1986- 1988) en sont témoins.

Le parcours de Morice

  • 20 février 1934 : date de naissance
  • 1941 : entrée chez les Jésuites à Ghazir
  • Avril 1957 : il quitte le monastère. Entre 1941 et 1957 Morice quitte et retourne au monastère à trois reprises
  • 1963 : publication de son premier recueil de poèmes «Aghnar»
  • 1968 : il écrit La Citadelle, pièce de théâtre basée sur un roman de Aline Lahoud, qui fut présentée dans le cadre du Festival de Baalbeck
  • 1970 : il reçoit le prix Said Akl pour son oeuvre «Qandil as Safar» (La Lanterne de voyage)
  • 1979 : il épouse Najat Saïd Abou Abdallah
  • 1998 : traduction de l’Évangile selon saint Matthieu
  • 2001 : traduction des quatre Evangiles
  • 2014 : sa candidature pour le Prix Nobel pour la littérature est acceptée à Stockholm
  • 9 décembre 2018 : décès à Beyrouth